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Chapitre 8 : Travail scolaire, récompenses et examens – 1960 à 67

Un cahier important

Dans chacune des classes, un élève sérieux était désigné en début d’année pour s’occuper du cahier de textes de la classe ; les professeurs devaient y inscrire, à la fin du cours, le sujet traité, les exercices donnés à faire ainsi que les énoncés des devoirs. Au début de chaque heure, l’élève responsable du cahier le présentait à l’enseignant. Cet élève déposait le cahier au bureau du censeur le mercredi soir et le samedi après les cours.

Les compositions

Nous avions régulièrement des devoirs (faits en classe ou en étude), mais le plus important a toujours été la composition, un devoir en classe, portant sur tout le travail du trimestre et donnant lieu à un classement.
L’administration affichait le calendrier des compositions, par niveau ; elles s’étalaient sur deux mois, à raison d’une (parfois deux) par semaine. Cette période, renouvelée chaque trimestre, réglait notre travail ; tout élève vivait au rythme des révisions pour ses compositions, dont les résultats constitueraient l’image du trimestre écoulé.

Liste des compositions, par matière, de la 6ème à la 3ème, en section moderne : Narration – Récitation – Exercices français ( en 6ème  et 5ème ) – Mathématiques – Sciences Naturelles – Histoire Géographie – Espagnol – Anglais – (langue 1 dès la 6ème, langue 2 à partir de la 4ème ) – Musique – Dessin – Gymnastique –

Liste des compositions en second cycle (2e et 1ère modernes ; terminale Mathélem) : Composition française – Espagnol – Anglais – Histoire Géographie – Mathématiques – Physique Chimie -Dessin (seulement en seconde) – Éducation Physique –
Plus, en terminale : Philosophie – Sciences Naturelles –

En fin de trimestre, le conseil de classe attribuait le ʺ Tableau d’Honneur ʺ à tout élève méritant qui avait réussi ses compositions, avec une moyenne correcte et qui faisait preuve de sérieux et de bonne volonté.
Celui dont les résultats se situaient environ entre 12 et 14 obtenait la récompense suivante, à savoir les ʺ Encouragements ʺ. Enfin le très bon élève décrochait les ʺ Félicitations ʺ.

Document remis aux élèves ayant obtenu les encouragements

À la fin du trimestre, tous les élèves félicités ou encouragés se retrouvaient au parloir, la plus belle salle du lycée. Le proviseur, après un discours élogieux, proclamait les noms des lauréats, pour chaque classe, des terminales aux sixièmes. Chaque élève félicité recevait fièrement un beau document attestant de sa réussite pour le trimestre.

Les prix

Après les conseils de classe de juin, l’administration établissait la liste des élèves primés. Dans chaque classe, de la sixième à la terminale, pour chaque élève et dans chaque matière, l’enseignant calculait [1] la moyenne des trois compositions de l’année (celle du troisième trimestre comptant double) et classait les élèves avec ces moyennes (du moins repérait-il les sept premiers). L’élève ayant la meilleure moyenne aurait le premier prix de la matière (un beau livre), le suivant le deuxième prix (un livre). Cinq accessits s’ajoutaient aux deux prix ; ils revenaient aux troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième meilleures moyennes dans la matière. Un accessit ne donnait pas droit à un livre, mais avoir trois accessits (quelles qu’en soient les matières) permettait à l’élève de recevoir un petit ouvrage.
Tout élève ayant obtenu le tableau d’honneur aux trois trimestres décrocherait le prix d’honneur. Le meilleur de la classe se voyait attribuer le prix d’excellence (qui pouvait parfois être décerné aux deux meilleurs) ; celui classé deuxième recevrait le prix des Parents d’Élèves (qui, lui aussi, était quelquefois accordé à deux garçons). Tous ces prix correspondaient à des livres de bibliothèque, le prix d’honneur étant plus volumineux qu’un premier prix de matière, celui des parents d’Élèves et le prix d’excellence un gros livre, documentaire ou encyclopédique.
La bibliothécaire avait minutieusement préparé toutes ces récompenses, triées par classe et par élève.

[1] Tous les calculs devaient se faire à la main, les machines à calculer et les ordinateurs n’existant pas encore.

La distribution des prix

Vers la fin juin, avec les examens (bac et brevet) les cours se trouvaient suspendus quelques jours, après quoi ils reprenaient, du moins en principe car, en ces derniers jours de classe, le nombre d’élèves diminuait drastiquement, dans l’attente de la distribution des prix.
Cette prestigieuse manifestation, allait marquer avec faste la fin de l’année scolaire, magnifiant le travail fourni par élèves et professeurs.
Dans les jours précédant la cérémonie, la grande cour prenait l’allure d’une salle de spectacle, avec, pour scène, une vaste estrade, emplie de sièges, et pour parterre, une multitude de chaises minutieusement alignées.
Au jour fixé, parents, élèves et personnels se retrouvaient pour assister à la solennelle remise des prix.
Sur l’estrade, prenaient place de nombreuses personnalités de la ville, le proviseur, le censeur et la plupart des professeurs. Les élèves primés s’installaient dans les premiers rangs de chaises, à peu près dans l’ordre des classes. Venaient ensuite les nombreux parents d’élèves.
Au pied de l’estrade, sur plusieurs tables, des livres, alignés par classe, attendaient les heureux récompensés. Le lycée ayant près de quarante divisions, avec, pour chacune, six à huit disciplines, et deux prix par discipline, la quantité de livres à distribuer s’élevait à plusieurs centaines.
Pour les élèves ayant obtenu deux prix ou plus, la pile des livres mérités avait été minutieusement ficelée, ne formant qu’un seul bloc. Plusieurs surveillants dirigés par la bibliothécaire se préparaient à assurer la distribution.
La cérémonie s’ouvrait avec un discours particulier, prononcé par un professeur ou une personnalité, sur un sujet inattendu ; ce long exposé pouvait concerner la littérature ou les sciences ou l’histoire, ou tout autre sujet. Suivaient les discours de quelques invités de marque et du proviseur.
Et on en arrivait à la distribution des prix, qui débutait par une longue série de prix spéciaux, concernant toutes les classes, des prix offerts par des institutions, des entreprises, des commerces, des associations… de la ville.
Enfin, démarrait la distribution des prix par division. Pour chaque classe, le censeur ou un adjoint annonçait le prix d’excellence, ce qui déclenchait les applaudissements de l’assistance. L’élève concerné se levait, se rendait devant les tables de livres d’où on extrayait la pile qui lui revenait (en tant que premier de la classe, ce garçon avait forcément décroché bon nombre de prix, en plus du prix d’excellence et du prix d’honneur). Une personne, souvent un surveillant, prenait le lot et, suivi de l’élève, montait sur l’estrade ; là, il donnait les livres à une personnalité qui allait remettre officiellement ce prix d’excellence au garçon, en prenant soin d’abord de parler quelques instants avec lui puis de le féliciter. Après quoi, l’enfant ainsi récompensé, descendait de l’estrade, portant fièrement sa pile de livres, et rejoignait sa place.

Pendant tout ce temps, le maître de cérémonie avait annoncé le nom du deuxième de la classe, pour le prix des parents d’élèves ; puis les noms de tous ceux récompensés par le prix d’honneur ; après quoi il égrenait, toujours pour la classe en question, la longue liste des disciplines, donnant pour chacune le nom des deux élèves ayant premier et deuxième prix. Chaque nominé se levait pour retirer ses prix auprès de la bibliothécaire et rejoindre aussitôt sa place, car seuls les tenants du prix d’excellence et, parfois, ceux du prix des Parents d’Élèves avaient le privilège d’être conduits sur l’estrade.
Puis, on passait à la classe suivante, avec des applaudissements pour le prix d’excellence …etc….etc.
La cérémonie durait une bonne partie de l’après-midi, ce qui paraissait bien long aux jeunes élèves ; une fois leurs prix reçus, ils risquaient de s’impatienter, car personne ne partait avant la fin.
L’année scolaire se clôturait quand les litanies de prix s’achevaient. Les pensionnaires partaient pour deux mois, fiers d’oublier la vie en internat. Mais à la mi-septembre ils retrouveraient le lycée et ses contraintes …

Cour d’honneur – 1965

Les examens

Le brevet, premier examen dans la scolarité d’un lycéen, arrivait en troisième. Puis, tout comme aujourd’hui, le baccalauréat marquait la fin de la scolarité secondaire. Les terminales quittaient le lycée quelques jours avant, afin de disposer du temps nécessaire aux révisions. L’examen comprenait un écrit, passé au lycée, et un oral pour ceux qui obtenaient plus de 10 à l’écrit. Vers 1967, cet oral se déroulait à Montpellier, où devaient donc se rendre les admissibles.

Ainsi se terminaient les sept années d’études en internat au lycée Henri IV de Béziers. Il fallait aimer le travail scolaire pour accepter sans dire mot cette vie de pensionnaire, si différente de la vie à la maison. Malgré ce, de nombreux élèves ont gardé du lycée un bon souvenir, même si une certaine lassitude pouvait, pour certains internes, apparaître en terminale… une aspiration à plus de liberté… une recherche d’autonomie… une porte ouverte sur l’enseignement supérieur.

Le grand escalier en 1965            La petite cour en 1965

Epilogue

Notre document relate la vie des internes au lycée Henri IV de Béziers dans les années 60.
À la lecture de ces souvenirs, on pourrait penser que le lycée de ces années-là présentait beaucoup trop de rigidité dans son fonctionnement et de sévérité envers les pensionnaires, surtout si on compare avec les internats d’aujourd’hui. Mais à l’époque personne ne s’en plaignait.
Et il est bon de signaler un important côté positif de ce système, à savoir qu’il a ouvert à de nombreux élèves l’accès à des niveaux professionnels élevés. Tout particulièrement pour les enfants de familles modestes ou en difficulté, qui purent entrer en internat grâce à l’obtention de Bourses d’État, leur permettant de suivre une scolarité normale en secondaire.
Incontestablement, les lycées ont joué un rôle essentiel dans le développement de ʺ l’ascenseur social ʺ.

Notre document concerne donc les années 1960 à 67. Mais l’année suivante, en mai 68, tout va changer.
Le rigoureux fonctionnement de l’internat va s’effondrer ; les règlements et la discipline s’assoupliront, filles et garçons se côtoieront en classe, les personnels seront indifféremment homme ou femme ; les internats prendront une allure plus humaine …

Un demi-siècle plus tard, l’auteur de ces lignes se retrouve parfois à Henri IV, en qualité de membre de l’association des anciens élèves. C’est avec plaisir qu’il remet les pieds dans ce lycée qui fut son école et sa maison sept années durant.

 

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